SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE



1 - HISTOIRE: « FRANCE-ALGÉRIE, Une histoire douloureuse »

-> Texte en 3 parties (1830-1954 / 1954-1962 / Après 1962)


2 - L´HISTOIRE EN FILMS

-> La colonisation de l´Algérie (Emission du Dessous des cartes, 10 min)



3 - L´EXIL

3.1 – « Vies d’exil - 1954-1962. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie », Ressources pédagogiques autour de l´exposition

3.2 - L´exil, par les oeuvres d´art


4 - LE POSITIONNEMENT DE LA FRANCE

-> La question de la commémoration, document radiophonique de 26 min


5 - L´ALGÉRIE D´AUJOURD´HUI, émission Maghreb Orient Express, 55 min


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 | 1 - HISTOIRE: "FRANCE-ALGÉRIE, Une histoire douloureuse  |

Textes du dossier conçu par le magazine "Écoute" de mars 2012, p. 54-59.

Didactisation de documents historiques.[Niveau B1 - B2]

- acquisition du lexique associé au thème
- travail sur deux niveaux de langage, courant et soutenu
- questions de compréhension

Ce texte en trois partie permet d´introduire les figures et concepts-clés de la colonisation et de l´indépendance algérienne. Nous allons voir comment un même document de niveau B2 peut s´assouplir et devenir accessible à un public d´apprenants B1.


PARTIE 1. De 1830 à 1954: la colonisation 

Province turque de 1515 à 1830, l´Algérie jouit en fait d´une grande liberté. C´est aussi un État très riche, grâce à la piraterie, qui entretient de bonnes relations avec la France au point de lui prêter de l´argent en 1798. Mais à Paris, les régimes se succèdent (Ier Empire, Restauration), sans qu´aucun remboursement n´intervienne. Alger finit par s´impatienter. Les tensions se multiplient entre les deux pays jusqu´à l´incident diplomatique du 30 avril 1827.
Ce jour-là, le consul de France rencontre le dey d´Alger, son gouverneur. Le ton monte et l´entretien se termine mal: le consul prétend avoir été frappé d´un coup de chasse-mouche par le dey. Le gouvernement français réagit en bloquant le port d´Alger, avant de lancer en 1830 une expédition qui conclut par la chute de la ville le 5 juillet. L´émir Abd el-Kader tente bien d´unifier le pays dans le but d´en chasser les Français, mais il doit capituler en 1847. A cette date, la conquête de l´Algérie est considérée comme achevée. 


La constitution de 1848 officialise le rattachement du pays à la France. Divisé en trois départements (Alger, Oran et Constantine), celui-ci est dirigé par un gouverneur général nommé par le gouvernement français. Quoique « français », les Algériens n’ont aucun droit politique et ne peuvent, par exemple, pas voter.
L’Algéri
e est une colonie de peuplement. De très nombreux Français s’installent de l’autre côté de la Méditerranée dans l’espoir d’y trouver du travail. Les opposants à Napoléon III les rejoignent de leur plein gré ou parfois de force. De 109 000 en 1847, le nombre d’Européens – surtout des Français – vivant en Algérie passe ainsi à près d’un million en 1954. La colonisation transforme profondément l’économie, notamment dans le secteur agricole : les terres sont valorisées, la culture des céréales est renforcée, et celle de la vigne introduite, qui deviendra bientôt la première source de revenus de l’Algérie. Enfin, des villages de type européen apparaissent. Les villes existantes (Alger, Oran, Constantines,…) connaissent un fort développement, et des villes nouvelles, telles Orléansville ou Philippeville, voient le jour.

Une telle implantation demande de solides infrastructures. Sous le Second Empire (1852-1870), la IIIe République (1871-1940) et après la Seconde Guerre mondiale, l’Algérie est donc doté de voies de communication modernes (routes, port…). Une administration, des systèmes éducatifs et de santé, largementinspirés de ceux de la métropole, y sont aussi mis en place. Mais la présence françaises peut-elle pour autant être qualifiée de positive ?

La société algérienne est en réalité profondément inégalitaire. Prenons l’exemple de l’agriculture : sa modernisation s’est faite au détriment de la population locales, dépossédée à la fois de ses terres et de sa culture (disparition de l’habitat traditionnel et du nomadisme). En 1934, les colons détiennent 25 % du sol cultivé, alors qu’ils représentent 2 % de la population agricole. Quant aux profits, ils remplissent d’autant plus les poches des Européens que ces derniers disposent d’une main-d’œuvre bon marché et très nombreuse. Grâce aux progrès de la médecine, l’Algérie connaît un boom démographique. Toutefois, insuffisamment formée – seul 18 % des enfants algériens sont scolarisés – et condamnée à l’exode rural à cause de la disparition de ses moyens d’existence traditionnels, la population souffre du chômage et de la pauvreté. 

À partir des années 1930 et surtout après la Seconde Guerre mondiale, des mouvements nationalistes relaient le mécontentement populaire et réclament des changements. Le statut de 1947 prévoit la création d’une assemblée algérienne de 120 membres : les communautés européenne et algérienne  doivent désigner chacune 60 d’entre eux. Or, les Algériens sont bien plus nombreux que les Européens ! La proportion n’est donc pas respectée. La colère du peuple continue de monter…

PARTIE 2. De 1954 à 1962 : la « guerre »

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, une vague d’attentats secoue le territoire algérien. À 8 heures du matin, le président du Conseil, Pierre Mendès-France, reçoit un coup de téléphone de son directeur de cabinet : « Pardon de vous téléphoner si tôt monsieur le président, mais ça a bougé cette nuit en Algérie. Il s’est passé une série de choses à propos desquelles on ne voit pas très clair… » Le directeur évoque les attentats avant d’ajouter : « Ce qui compte, ce ne sont pas les évènements eux-mêmes, c’est la dissémination des attentats. C’est la preuve qu’il y a là-dessous une organisation assez puissante pour déclencher le même jour, à la même heure, des troubles important dans toute l’Algérie. » Pierre Mendès-France ne s’y trompe pas en écoutant le compte rendu des évènements de ce qu’on appellera la « Toussaint rouge ». La guerre d’Algérie vient de commencer.

Rébellion massive

Le front de libération nationale (FLN) revendique la série d’attentats. Des tracts circulent à Alger. Certains ne cachent pas leur joie en découvrant le titre de T.A.M Dernières nouvelles, le seul journal qui paraît en ce jour férié : Flambée de terrorisme en Algérie. La rébellion armée débute. Dès le 5 novembre, des renforts sont envoyés en Algérie. L’état d’urgence est proclamé. En France, toute la classe politique juge légitime de combattre l’insurrection déclenchée par le FLN. « L’Algérie, c’est la France », proclame le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand. Face à l’extension de la rébellion, le chef du gouvernement, le socialiste Guy Mollet, fait appel au contingent. L’armée française se voit chargée, le plus légalement du monde, à la fois de la pacification du pays et de l’intégration des populations rurales. Près de 400 000 militaires sont ainsi déployés en Algérie pour sécuriser le territoire. Sur le terrain, entre 1957 et 1960, les militaires reprennent le contrôle de la situation. Reste que les troubles et la rébellion en Algérie fragilisent les gouvernements  en France, qui valsent les uns après les autres, emportés par le destin incertain de la colonie.

« Je vous ai compris »

En mai 1958, le général de Gaulle revient à la tête du gouvernement grâce aux partisans de l’Algérie française. Le 4 juin, en déplacement `Alger, il lâche aux Français d’Algérie sa célèbre phrase : « Je vous ai compris. » Mais il réalise rapidement que l’indépendance de l’Algérie est la seule solution pour sortir d’un conflit coûteux en hommes, en argent et en prestige international. Le 16 septembre 1959, alors qu’il est président de la Ve République depuis neuf mois, de Gaulle proclame le droit des Algériens à l’autodétermination, autrement dit de décider librement la forme du régime politique du pays, indépendant de toutes influence étrangère. Par cette prise de position, l’indépendance de l’Algérie semble inéluctable.
Après des mois de négociations entre la France et le FLN, des accords sont trouvés. Signés le 18 mars 1962 à Évian-les-Bains, ils se traduisent par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain. Ce jour-là, l’Algérie française est bel et bien enterrée. L’Algérie est née.

* LE PUTSCH D’ALGER *

Le 23 avril 1961, des généraux fomentent un coup d’État en réponse à la politique d’abandon de l’Algérie que mène le général de Gaulle. C’est un échec. Mais l’Organisation de l’armée secrète (OAS) est née. Pendant deux ans, cette organisation clandestine va mener des actions terroristes sur le sol algérien pour tenter d’empêcher l’indépendance de l’Algérie.

* LE PARADOXE DE LA DÉFAITE *

Contrairement à la guerre d’Indochine où l’armée française a été militairement défaite et humiliée à Diên Biên Phu en 1954, la guerre d’Algérie ne s’est pas soldée par une défaite pour l’armée française. Elle est même une victoire militaire pour la France. En proie à des attentats qui ensanglantent Alger, tuant civils et militaires, l’armée met en effet au point une stratégie novatrice : la contre-insurrection. Cette idée s’oppose à la répression massive applique jusqu’alors quand un attentat était commis.

On part du principe que la majorité des civils préféreront la paix à la violence, et se rangeront donc in fine du côté de ceux qui assurent le fonctionnement pacifique de l’État. Des décennies plus tard, les soldats américains, après que le Pentagone ait visionné La Bataille d’Alger qui retrace les opérations française de contre-insurrection pendant la guerre d’Algérie, adopteront cette stratégie en Irak, puis en Afghanistan.

PARTIE 3. Après 1962 : liberté et traumatismes

Les accords d’Évian referment la parenthèse coloniale de la France et ouvrent grand la porte à l’indépendance de l’Algérie. Le référendum organisé le 8 avril 1962 sur l’autodétermination en Algérie confirme les vœux du général de Gaulle. Les Français votent massivement « oui ». À leur tour, les Algériens votent le 1er juillet 1962, à 99,72 %, pour l’indépendance de leur pays. Celle-ci est proclamée le 5 juillet 1962, et vaudra d’ailleurs à de Gaulle d’être victime d’une tentative d’assassinat au Petit-Clamart quelques semaines après.

« Ne bougez pas ! »

Si les accords marquent la fin de huit années de guerre, ils n’empêchent pas la violence de perdurer. Certains vont encore connaître le pire… 
Les pieds-noirs d’abord, ces Français installés depuis plusieurs générations en Algérie. De la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962, au massacre d’Iran, le 5 juillet 1962, le bain de sang qui s’abat sur eux fut un prélude à leur exode.  À Oran, plus de 2 000 Européens d’Algérie meurent, victimes d’une dernière bouffée de haine liée à la guerre. Le général Joseph Katz, qui commande les 18 000 soldats français encore basés à Oran, est impuissant. Il téléphone au général de Gaulle pour l’informer de l’ampleur du massacre. « Ne bougez pas ! », lui est-il répondu. La tuerie dure près de six heures. Lorsque, à 17 heures, les gendarmes français sortent enfin dans la rue, le calme revient aussitôt. Ils découvrent alors des cadavres sur les trottoirs, pendus aux crocs des bouchers, dans des poubelles… Dans la chaleur de juillet, la puanteur est horrible.

Pour les pieds-noirs qui hésitaient encore, c’est fini. Entre « la valise et le cercueil », ils ont vite fait de choisir. Direction : la métropole. Le port de Marseille accueille dans une atmosphère très lourde ces pieds-noirs exilés. Beaucoup ont tout perdu et n’ont en France plus aucune attache. Leur pays, c’est l’Algérie dont ils continuent d’entretenir la nostalgie. Tous les Algériens ne souhaitent pas le départ des pieds-noirs. Mais la victoire idéologique et politique du Front de libération nationale (FLN) sur d’autres groupes armés précipitent leur départ. Le FLN veut une Algérie socialiste et sans « étrangers ». Ceux qui redoutent que le pays sombre dans le chaos en se privant de l’expérience, du savoir-faire et des relations commerciales de ces Français d’Algérie, ne seront pas écoutés.

Assassinats et tortures

Mais que dire du sort des harkis ! Ces Algériens pro-Français engagés contre le FLN aux côtés des forces françaises voient non seulement leur foi dans la parole de la France trompée, mais ils seront bientôt condamnés à mort par les rebelles victorieux. Assassinats par milliers, tortures… Par combien de victimes s’est soldé l’abandon des harkis sur leur sol ? Des historiens ont révisé à la baisse le chiffre habituellement retenu de 150 000 morts. Quand bien même n’y aurait-il eu « que » 30 000 hommes émasculés, ébouillantés, crucifiés, égorgés à la scie ou décapités à la pelle, cette tragédie s’inscrit comme une tache dans l’histoire de France et la légende gaullienne. « L’Algérie moderne, écrit notamment l’écrivain et fils d’harkis Boussad Azni, s’est baptisée avec le sang des harkis. De la part du FLN, cela s’appelle un crime de guerre. De la part des cosignataires des accords de paix, c’est un crime d’État. De la part de tous ceux qui savaient et se sont tus, c’est un crime contre l’humanité. »
Pour ceux qui ont pu rejoindre la France avant le pire, la fin de l’Algérie française marque la fin des illusions. Mais peu ont trouvé la tranquillité d’esprit : depuis maintenant 50 ans, ils se cherchent une place ainsi qu’une reconnaissance que personne ne leur accorde.


* POURQUOI « PIEDS-NOIRS » ? *

Il existe plusieurs origines possibles à cette expression qui désigne  les Français ayant vécu en Algérie jusqu'à l’indépendance. Voici les trois explications les plus plausibles :
· Lorsqu’ils sont arrivés en Algérie, les fonctionnaires et cadres français portaient la tenue coloniale : casque blanc, veste et pantalon blanc et… bottes noires ;
· Dès le début de leur installation, les colons se sont concentrés sur le défrichage de vastes étendues au sud d’Alger. Il s’agissait de marécages dont la boue noirâtre leur collait aux pieds ;
· Les Français ont également entrepris de planter des vignes en Algérie. À la récolte du raisin, ils écrasaient celui-ci pied-nus dans les cuves, une pratique que les Algériens ne connaissaient pas. Leur pieds en ressortaient rouge très foncé, tirant sur le noir…



 | 2 - L´HISTOIRE EN FILMS |

La colonisation de l´Algérie (Emission du Dessous des cartes, 10 min)







 | 3 - L´EXIL |

  •  3.1 – « Vies d’exil - 1954-1962. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie »
Exposition à la cité nationale de l´immigration à Paris, du 9 octobre 2012 au 19 mai 2013. Curateur : Benjamin Nora
Dossier destiné aux enseignants, très bien fait, de 31 pages.


 | 4 - LE POSITIONNEMENT DE LA FRANCE |

Que faut-il commémorer ?


 | 5 -  L´ALGÉRIE D´AUJOURD´HUI, émission Maghreb Orient Express, 55 min|

  Lien TV5 MONDE < SPÉCIALE ALGÉRIE  >

Animée par Mohamed Kaci, à la rencontre des Algériens qui font l’Algérie d’aujourd’hui et construisent celle de demain :

- Walid des CrossFaders, un duo électro
- Democratoz, groupe de reggae d’Oran
- Adila Bendimerad, comédienne
- Mohamed Bounoughaz, comédien et Ryad Belkhedim, animateur et directeur de DzaïrWebTV
- Mouna Bennamani, artiste peintre
- Ghilas Aïnouche, caricaturiste

Reportages:
* « Portrait de Kheira Boukhari, la plus jeune députée algérienne aux couleurs du Parti des Travailleurs »
* « Slimane Zeghidour sur les traces de son passé »
* « Portrait d’Hanane Abdou, femme d’affaires qui a lancé un pesticide 100% bio algérien »
* « Yacine, le créateur de T-Shirts fan de mangas »...

Débat avec l’historien français Benjamin Stora.








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